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Les décrocheurs et la persévérance scolaire : une erreur de fond dans le choix d’une solution

Vous pouvez dire que ce n’est pas de mes affaires parce que je ne suis pas un parent. Mais la pédagogie est justement mon domaine d’expertise. Je me vois donc dans l’obligation d’exprimer ma profonde inquiétude sur la dernière initiative gouvernementale de restreindre le décrochage scolaire par la persévérance scolaire. C’est une erreur de vision stratégique, une erreur au niveau de la symbolique, et c’est malheureusement une erreur de jugement.

Peu importe ce que nous pouvons réaliser en classe, les programmes scolaires ne seront jamais assez intéressants pour capter toute l’attention des enfants, bien que nous devons tenter de le faire. C’est ce que nos enseignants accomplissent chaque jour. Leur travail est de transmettre leurs connaissances avec passion. Certains le font mieux que d’autres et c’est normal. Mais cela demeure quand même un objectif quotidien. Le prof doit faire en sorte de garder les esprits des jeunes concentrés et engagés dans leur responsabilité première : apprendre pour préparer leur futur. C’est une responsabilité que le peuple a mandatée à l’état, soit de  définir le rôle que l’enfant doit assumer.

Alors pourquoi y a-t-il hémorragie de décrocheurs?

La cause n’est pas la qualité de l’enseignement. Ce n’est pas non plus l’ennui ou le découragement des garçons. Ce n’est pas non plus parce que les familles n’encouragent pas leurs enfants.  Ce n’est pas parce que les enfants préfèrent l’argent à l’étude. Et ce n’est certainement pas parce que nos enfants manquent d’ambition.  Ces excuses historiques sont absurdes : tous les enfants veulent apprendre et se développer. C’est dans leur ADN. Ils sont tous programmés ainsi.

À mon avis, nous n’avons pas encore identifié le cœur du problème. L’aliénation des enfants et le manque de focus sont les symptômes d’un plus grand problème, celui que nous avons refusé de reconnaître parce qu’il remet en question notre relation, comme société, avec nos enfants. En fait nous les traitons comme des petits adultes. Nous sommes devenus leurs amis plutôt que leurs parents. Nous raisonnons avec eux, au lieu de faire preuve d’autorité. Nous leur laissons prendre des décisions qui détermineront leur avenir. Cela est clairement un échec. Et c’est pourquoi nous avons une hémorragie de décrocheurs. Les enfants décrochent parce qu’ils le peuvent, parce qu’ils ont le choix.

Et voilà que nous proposons comme contre-mesure à ce problème important et incontestable,  une stratégie basée sur la persévérance. Comme si l’encouragement peut magiquement parer le découragement et annulez l’option de décrocher.

Au cours des vingt dernières années, l’école est carrément devenue une option pour les parents, pour les profs et nos enfants. Aujourd’hui, les enfants ont le choix de laisser tomber, d’abandonner, de décrocher pour toutes sortes de raisons. Malheureusement, notre culture a institutionnalisé cette option. Nous sommes devenus nous même, comme adulte, allergiques à la discipline et au contrôle. Nous désirons les options. Nous voulons être libres de choisir. Malheureusement, les enfants ne peuvent pas gérer leur vie avec des options parce qu’ils ne peuvent pas anticiper les conséquences à long terme de leurs actions. Ils ont besoin de conseils. Ils ont besoin de discipline et de limites qui génèrent, paradoxalement, une plus grande autonomie: celle d’être libéré du stress de choisir de rester ou pas, et de trouver le bonheur là où ils sont et se concentrer sur leurs études.

Pour nous, l’éducation est un droit imprescriptible : pour les enfants de nations moins fortunées, l’éducation est un objet précieux. Ici, l’école est obligatoire. C’est la loi. L’éducation n’est pas une option. Ce qui est ironique est que ministère de l’Éducation l’a mal compris. L’éducation ne requiert pas de la persévérance parce, ici, aujourd’hui, c’est une obligation. Le ministère doit être moins politiquement correct et plus courageux. Nous devons aider nos enfants à faire face à la réalité : ils n’ont pas le choix de décrocher. Aller à l’école n’est pas une option. Notre société a besoin d’hommes et de femmes préparés à jouer leur rôle dans la société. Nous devons garder nos enfants à l’école!

André John Haddad

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One Response

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  1. Jean Côté says

    Bonjour André, Je suis tout à fait d’accord avec ton analyse de la situation. Tu trouveras un hyper lien vers un article qui parle de la culture de “faire de son mieux” qui pourrait également expliquer le décrochage.

    http://www.24hmontreal.canoe.ca/24hmontreal/chroniques/mathieubockcote/archives/2011/08/20110803-082549.html#.Tj1VpaVDrKE.facebook



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