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Chronique à l'Ambaq (stratégie et mondialisation): Surprises dans notre sondage sur la mondialisation, et quelques conseils


Les réponses de plus de 80 exécutifs à notre sondage sur la mondialisation, soulèvent quelques surprises et réflexions. Le sondage, distribué et mis en ligne sur le site de l’Ambaq un peu plus tôt cette année, contenait 18 questions touchant à la mondialisation, la concurrence et les compétences individuelles. Le sondage visait simplement à mesurer l’état de préparation face à la mondialisation et les écarts notables. L’évaluation du questionnaire se faisait sur une base de réponses simples: ‘En accord’, ‘En désaccord’, ou ‘Ne sais pas’. Nous avons pris plaisir à jeter un regard sur les résultats, mais nous n’avons pas la prétention d’en tirer plus que des observations empiriques intéressantes et des pistes de réflexion à suivre.

A première vue, les réponses apparaissent tout à fait en lien avec la formation des répondants: le MBA. Mais en y creusant d’un peu plus près, de nouvelles questions surgissent rapidement: Seraient-ce des avertissements dissimulés entre les lignes? Dans le portrait global du sondage, il en ressort que les exécutifs semblent avoir une bonne vision périphérique de leurs affaires, dans un contexte ‘pour aujourd’hui’. Ils sont familiers avec la stratégie de leur entreprise, les concurrents, les plaintes de clients, les compétences actuelles, etc.

Néanmoins les résultats du sondage associés à deux champs de compétences qui se retrouvent en ascension dans les entreprises comme outils de compétitivité, soient l’innovation et les habilités internationales, semblent nettement plus préoccupants. Ces compétences, dites ‘transférables’, seront aussi importantes pour les entreprises de demain que pour les individus. Elles devront intégrer l’arsenal de talents des exécutifs d’ici 3 à 5 années.

Passons en revue les quatre questions qui ont reçu le plus de réponses de type ‘Je suis en accord’. Nous y mettons notre grain de sel et offrons quelques brefs commentaires et conseils.

1. Je connais les compétences que mes employés doivent développer aujourd’hui pour que mon entreprise puisse faire face à la compétition (73% en accord)
C’est un résultat qui à première vue apparaît réconfortant en ce que les entreprises savent s’adapter. En contrepartie, seulement 29% des répondants croient ‘posséder l’arsenal d’habilités et de talents pour faire face à la compétition internationale’. Dans la mesure où cette compétition internationale continuera de se manifester dans nos marchés à court ou moyen terme, cela demeure une réponse inquiétante. D’ailleurs près de 50% des répondants croient que ‘nous avons des choses indispensables à apprendre des entreprises asiatiques’, et environ 45% des répondants ont déjà vu ‘des répercussions sur leur travail par l’intégration de la Chine et l’Inde au commerce mondial’. Avec la compétition internationale littéralement à nos portes, est-ce que la volonté d’acquérir ces nouvelles compétences sera au rendez-vous? Sera t’il possible d’identifier les compétences requises à l’organisation dans cet horizon de 3-5 ans si une veille d’intelligence d’affaire n’est pas déjà mise en place? Dans le dernier numéro du Bulletin de l’Ambaq, nous avons esquissé quelques unes de ces nouvelles compétences.

2. Je connais la stratégie de mon entreprise (72% en accord)
Dans le sens instinctif des affaires la majorité des exécutifs peuvent s’identifier à la stratégie de leur entreprise, même si celle-ci est rarement communiquée par écrit aux cadres, et encore moins à l’ensemble des employés. Les stratégies d’entreprise se résument assez souvent aux grandes lignes de ‘Ce que nous allons faire dans la prochaine année’. Si nous demandions aux employés à quoi ressemblerait leur organisation dans 2-3 ans et quel serait leur contribution dans l’exécution de la stratégie, nous aurions peut-être un autre résultat au sondage sur cette question.

Ailleurs dans le sondage 65% des répondants disent ‘connaître la principale critique que leurs clients font à l’égard de leurs affaires’, ce qui est en fait assez élevé. Nous espérons simplement que leurs entreprises y répondent. Par contre seulement 50% disent ‘connaître la durée de vie de leur offre produit-service avant qu’elle ne perde sa différenciation et compétitivité’. La moitié demeurent donc exposés à ce que des compétiteurs plus innovateurs qu’eux ne les surprennent. Finalement, seulement 45% affirment ‘avoir suffisamment de temps pour se poser les bonnes questions sur l’avenir de leur organisation’. Vraisemblablement, certaines de ces stratégies affirmées dans ce groupe de 72% devront être révisées.

3. Je peux nommer mes concurrents à l’étranger (70%)
En appui à cette affirmation, 65% des répondants pourraient ‘identifier les produits-services des concurrents qui auraient le potentiel de prendre une part de marché et de créer des difficultés dans les 12 prochains mois’. Alors que nos exécutifs se maintiennent à l’affût de la concurrence, seulement 27% répondent qu’ils savent ‘où pouvoir faire faire la fabrication de leur produit-service à meilleur coût et/ou à meilleure qualité’. On dénote ainsi un certain attachement à ses façons de faire, et une hésitation à puiser dans les opportunités qui pourraient cependant déranger les zones de confort.

Nous savons par expérience et par observation que l’intensité compétitive se développe de façon alarmante dans les nouveaux pays émergents (‘where you eat what you kill’). Les nouveaux champions de ces pays sont agressifs, confiants et sans peur. Ils partent à la conquête du monde avec un esprit compétitif. Notre culture moderne des affaires au Canada n’est pas tout-à-fait alignée sur cette même mentalité. Il faudra s’attendre à des surprises de la part de ceux qui se seront vraiment centrés sur leurs clients, et qui sauront utiliser de nouvelles formules et technologies pour s’ajuster aux besoins des ceux-ci. En d’autres mots il faut aussi savoir que la compétition pourrait émerger de quartiers inattendus!

4. L’innovation devient un enjeu concurrentiel pour mon organisation (67% en accord)Soit, l’innovation est à la mode. Derrière ce mot, on imagine cependant une typologie assez variée chez les répondants: Nouveaux produits, plus grande agilité d’entreprise, processus internes améliorés… Mais moins de 50% de ceux qui ont répondu être ‘En Accord’ que l’innovation est un enjeu concurrentiel, affirmaient ‘savoir clairement distinguer la créativité et l’innovation’ dans une autre question. On reconnaît l’importance de l’innovation, mais on ne sait pas encore comment vraiment s’y prendre pour être plus innovant. L’innovation demeure un outil et un processus nébuleux malgré son importance croissante.

Les exécutifs d’aujourd’hui semblent encore plus disposés à pousser l’efficacité de leurs organisations et à la restructurer via le contrôle des coûts qu’à explorer de nouvelles avenues innovatrices en organisation et modèle de croissance. On demeure dans une zone de confort contrôlée. Cette approche devrait tenir le coup jusqu’au prochain choc compétitif, mais après?

Pour terminer, la question qui a soulevé le plus de réponses de types ‘En désaccord’ ou ‘Ne sais pas’ a été la suivante: ‘Je sais combien de temps il me reste avant que mon poste ne soit modifié ou aboli’ , à 74% des répondants. Nous sommes probablement à la fois trop occupés au travail, confiants dans nos entreprises, et naïfs de ne pas y penser.

André Du Sault
André J Haddad

Posted in Management ideas, Strategy & globalisation.

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